Tout petit enfant, j’avais naturellement du goût pour les promenades, les départs, l’ailleurs... Ça ne m’inquiétait pas.

Je me souviens très clairement qu’au début des années 70, au retour de la traditionnelle visite dominicale chez les grands parents, en empruntant  l’autoroute  pour rentrer de Marseille à chez nous dans le Var, à l’échangeur entre Toulon et Aubagne,  je me posais systématiquement la question de savoir où donc pouvait bien mener cet autre chemin que nous n’empruntions jamais  ????

Presque logiquement à 17 ans, mes premiers sous furent consacrés à un tour de Cornouailles en bicyclette. Pour la petite histoire, déjà maladroit socialement, je quittais mes compagnons de voyage au bout de quelques jours pour continuer le périple tout seul.

Ce ne fut certes pas complètement simple (bien que la Cornouaille, même en 81, c’était  pas la vallée de la Mort en tongues et sans eau) mais très formateur voire initiatique .....

Rapidement fauché au bout de quelques jours, j’avais fini par échouer dans un camping municipal prés de Plymouth pour une bonne semaine.

Afin de tromper l’ennui, je griffonnais un peu partout  et rédigeais  une lettre à moi même que je glissais dans un recoin de mon sac à dos  (ou une cachette secrète, pour ceusses qui voudraient corser le récit).

Je ne sais plus de quoi ça causait, un monologue sur les vertus de la pauvreté ? l’art d’accommoder les pâtes avec une bonne sauce à l'eau ? le plan du camping ?  ou peut être une réflexion sur la promenade en général !!! je ne m'en souviens plus ...

Mais des années plus tard, dans une petite chambre d’hôtel au sud du Vietnam, en mettant de l’ordre dans  ce même sac à dos, je suis retombé avec surprise sur le document oublié. Très fier du chemin parcouru, je décidais d’offrir un autre tour de manège à la missive voyageuse et clandestine en  la dissimulant, façon Mission sous les Tropiques, derrière le miroir de la salle de bain ....

Je proclame donc solennellement que c’est bien moi qui fut à l’origine du mystère de la lettre de derrière le miroir qui, au siècle dernier,  traversa la moitié du monde, de l’inquiétante lande du  Dartmoor  au delta du Mékong ....
Comme quoi, avec une poignée de kilomètres et un peu d’imagination ...

La prochaine fois je vous causerai du Grand Requin Noir de la Rivière Sirena ...

Les photographies de ce billet ont été réalisées en Inde, à New York ,en Equateur, à Gaza, au Vietnam et à Clermont Ferrand entre 1989 et 2005.